Remonter à la source et découvrir une eau si pure, dans laquelle un enfant a versé quelques larmes, pleurs de peine et pleurs de joie, débordant de cette insouciance qui n’en était pas.


Goûter l’eau à la saveur intacte, vitale pour le corps et l’esprit, dépourvue de l’adulte à qui on a tout pris, sauf les secrets bien gardés qui ne refont surface que lorsque l’âme puise au fond des souvenirs cachés, pour trinquer à la conscience d’un monde envisagé, que l’on espère encore malgré le nombre des années.


Coulant comme un ruisseau le long des ruines abandonnées, qui revivent d’un regard, d’un frôlement de hasard, sur les chemins ronceux que l’on a empruntés, cette rivière vive gorgée de jamais plus, retrouve l’amère pensée des mots que l’on a tus, jaillissant dans les sanglots de l’homme devenu.


S’abreuver de sourires et de rêves, des lampées du souffle du passé, qui noient pour pouvoir exister, les chagrins enfantins au profit d’une trêve, d’un plongeon qui viendrait tout éclabousser dans cette vie qui vole la légèreté, qui l’enlève, ce manque de désinvolte liberté dont on crève.


Voguer au gré des vagues loin des rivages du tourment, dans les flots et les flux des marées comme des survivants, gardant dans le cœur précieusement les flaques originelles où l’on se jette éperdument, en tenant par la main cet enfant que l’on protège, pour ne pas engloutir ce florilège de tendresse, et avoir le privilège de boire à sa fontaine enchanteresse, les sentiments qui y coulaient avant.

 

 

Muriel Roland Darcourt

Fragments - La fontaine de jouvence

 

 

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Tag(s) : #Fragments, #Monologues

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