Je ne crois pas, mais je sais. Les sphantes n’existent pas. C’est une conversation que j’ai tenue avec des hommes qui eux non plus n’existent pas. Un jour. Dans les méandres de mon esprit. Alanguie sur mon lit dans la chaleur de l’été, la fenêtre ouverte et l’âme en alerte face à la conscience du monde. Ce n’était que la mienne. Les images se succédaient dans une vaste ronde, les mots s’entrechoquaient dans les cris, dans les larmes, dans les rires aussi. Tout se ressemblait. Je me racontais une histoire, perdue dans un lointain passé. Quelque chose qui n’a jamais existé et que je m’inventais au fur et à mesure des jours, des nuits, qui se mélangeaient.
Le ciel était témoin, de cette danse exaltée que les humains menaient, parfois triste, quelques fois haletante, et moi, au milieu de rien, sur ce lit, qui racontait ma vie, et personne n’écoutait.
La chaleur m’envahissait et les sons me portaient. De fictions en personnages, d’illustrations en dérapages je ne savais plus qui j’étais, juste une bulle d’émotion qui crevait en silence, et puis non. Pour rien au monde je n’aurai cessé de vivre ce que mes illusions me confiaient. Ce que mes désillusions aspiraient à détruire quand je voulais trop garder. Ces choses qui ne m’appartenaient pas. Que je volais à d’autres. Et l’autre m’accompagnait.
Il ne faut pas penser que j’étais seule, que l’existence me malmenait, que l’autre n’acceptait pas de me guider sur le chemin de la découverte jusqu’à un certain point, limite. L’autre que j’extorquais pour me remplir d’infini, à l’infini. L’autre qui voulait s’arracher à mes souvenirs erronés, à cette frénésie subite. Que j’ai aimé de tout l’amour possible dans un sentiment d’impossible. Qui m’a quitté.
L’idée, absolue, que rien ne pouvait arrêter ce tourbillon de rêves, dont je m’envahissais sans trêves, alors que l’on voulait me retenir, pour ne pas que je m’envole trop loin, donna lieu à une lutte. A des vérités crues qui se muraient en chut dans l’éther des sens, sans que l’on sache très bien jusqu’où irait ma chute. Sur mon lit, posé là, à même le sol. Qui n’irait pas plus bas que la terre qui s’affole de porter en son sein une erreur. Un cœur dont l’ardeur n’atteint jamais de frontières, tant qu’il vit dans son monde, même lorsque le monde gronde. Un amour si grand qui se noie en prières, pour ne pas que l’on sache que l’humain parfois se détache de sa condition première, pour monter vers des cieux éphémères auquel il croit. Vers une paix qu’il connaît. Et pour laquelle il ne redescend pas.
Mai...Septembre 2012
Muriel Roland Darcourt
Fragments - L'Extase