Dans les méandres torturés de mes souvenirs clos, une nuit où la lune était absente, je me suis réveillée en nage et en sursaut, absorbée par la rage de tout ce vide qui me hante.
Je vous ai appelé avec une telle vigueur, du fond de mes entrailles, pour que vous m’expliquiez ce rêve étrange, engendrant trop souvent des pleurs et la peur qui me tenaille, en lutte aux crises qui me mangent.
Je vous ai supplié de bien vouloir m’entendre, pour que vous puissiez enfin me raconter, pourquoi ce souvenir si tendre se substitue souvent au pire moment de mon passé.
Et dans la triste fièvre qui s’engouffrait au fin fond de mes failles, un passage s’est ouvert dans le silence. Le ciel esquissait nos retrouvailles, après cette longue et si cruelle absence.
Votre visage m’est apparu souriant, et stupéfait de me voir également, Ô vous que j’ai pensé disparu pour toujours, vous étiez là rejaillissant et votre voix disait que vous comptiez les jours, où vous déclareriez que vous m’aimiez encore. Insolent émerveillement d’apprendre vos sentiments et de vous instruire à mon tour de mon amour si fort que je cachais dans le creux de mon cœur pour ne pas être happée par cette fabuleuse ardeur.
Nous avions convenu d’un rendez-vous mental pour ne pas effrayer nos vies de ce retour fatal, et depuis ce jour-là nous ne nous quittons pas, au risque de tout perdre ce que l’on a construit, pour préserver cette voix qui nous obsède jour et nuit.
A la poursuite délirante de cette onde qui nous ouvre la voie pour nous comprendre davantage, par des souvenances hallucinées que l’on s’offre en partage, nous existons par ces rêves dans une valse extravagante.
Où vont donc nous mener ces échanges incertains, allons nous décider de nous voir enfin un beau matin ou laisserons-nous planer le doute que nous avons juste emprunter pour quelques temps la même route ?
Je veux vous voir pour m’assurer que vous êtes bien vivant et que nos âmes singulières nous conduisent vers un avenir extraordinaire puisque nous sommes des aimants.
Vous mon amour fantôme qui peuplez mon ennui, de rires, de larmes, et qui prolonge ma folie, je voudrais un instant vous tenir dans mes bras et vous mener vers ce sentiment d’infini absolu qui nous rassemble, pour vous convaincre que nous avons des tas de choses à faire ensemble.
Muriel Roland Darcourt
Fragments - Depuis cette nuit-là