• Tu fêtes la Saint-Valentin sans moi.
  • Normal, tu n’es pas officielle.
  • Et que dois-je faire pour le devenir ?
  • Il faudrait que je t’épouse mais je ne peux pas. Je suis déjà marié. Mes enfants, mes parents, ils ne comprendraient pas.
  • Et ta femme ?
  • Quelle femme ?
  • Eh bien l’officielle !
  • Mais c’est toi ma femme ma chérie, mon amour, ma vie. Tu le sais ça non ? Et puis, une fête de la Saint-Valentin, ça n’a rien de marrant, je crois franchement que tu t’y ennuierais, tu es charmante et gaie, tu ne rentres pas dans les carcans.
  • Lesquels ?
  • Eh bien ceux que la société a créé, pour nous obliger à consommer, en bijoux, en restaurant. Non vraiment cela ne te ressemble pas. Tu n’es pas faite pour ces choses-là, toi tu es mon soleil.
  • Oui, ton soleil couchant.
  • Sache que je penserai très fort à toi toute la soirée ma douce.
  • Je serai pleine de larmes.
  • Je viendrais te consoler.
  • Quand ? Après ta soirée ?
  • Non, mais demain je viens chez toi, promis.
  • Comme d’habitude ?
  • Oui à l’heure du déjeuner, comme toujours, pourquoi ?
  • On pourrait peut-être faire quelque chose de spécial.
  • En quel honneur mon amour ?
  • En l’honneur de notre amour justement.
  • Comme quoi ?
  • Comme une fête, une sorte de Saint-Valentin rien qu’à nous.
  • Il y a déjà notre anniversaire de rencontre.
  • On se connaît depuis trois mois…
  • Le temps passe vite tu verras et ce jour-là on le fêtera comme il se doit.
  • Fais-moi rêver, qu’est-ce que tu me réserves ? Tu m’offrirais des fleurs ?
  • Des fleurs ? Tu aimes donc ça ?
  • Des roses c’est romantique !
  • Toutes ces niaiseries franchement, tu es comme ça ?
  • On sortirait dîner.
  • Ah ça non je ne le pourrais pas…
  • Pourquoi ?
  • Tu le sais bien mon chat, que je dois être rentré à 19H…
  • Sinon ?
  • Ma femme s’inquiéterait de ne pas me voir rentrer.
  • Elle se douterait de quelque chose ?
  • Eh bien oui ! Elle me soupçonnerait et je ne pourrais plus te revoir.
  • Tu as donc peur de la perdre ?
  • Mais non, qu’est ce que tu vas chercher là…
  • Alors dis-lui !
  • Quoi ?
  • Pour nous.
  • Mais tu es folle ! Ma colombe, elle le vivrait très mal.
  • Moi je le vis très mal.
  • Mais toi ce n’est pas pareil, tu es forte, tu es libre, tu es…
  • Amoureuse.
  • Tout de suite les grands mots !
  • Toi tu ne l’es pas ?
  • De qui donc ?
  • Eh bien de moi !
  • Bien sûr que tu me plais mon cœur.
  • Alors, prouve-le-moi. Reste avec moi.
  • Je ne peux pas, c’est la Saint-Valentin, tu l’oublies.
  • Oh non je n’oublie pas.
  • Je me dois d’être avec ma femme, c’est légitime tu ne crois pas ? Qu’est-ce que tu as ? Tu pleures ? Ma chérie, c’était convenu comme ça.
  • Entre toi et toi…
  • Ne fais pas ta gamine, je n’aime pas ça.
  • Il n’y a pas grand-chose que tu aimes chez moi…
  • Pourquoi tu dis ça amour, j’aime tout chez toi !
  • Au point de m’épouser ?
  • Il ne faut pas exagérer.
  • Alors on va s’arrêter là.
  • Mais pourquoi ? Pourquoi ? C’était donc un mariage que tu voulais ? Tu ne m’as donc raconté que des histoires ? Ta liberté, tu y tenais ! C’est ce qui m’a vraiment plu en toi ! Tu étais joyeuse, intrépide, mystérieuse, enfin tu étais…
  • Tu parles de moi au passé.
  • Non.
  • Alors tu devrais.
  • Tu veux me quitter ?
  • Peut-on quitter quelqu’un que l’on n’a pas ?
  • C’était donc ça, tu voulais juste m’avoir ?
  • T’avoir pour moi, oui, pour la Saint-Valentin.
  • Mais quelle lubie cette Saint-Valentin ! Qu’est ce qui te prends, toi si anticonformiste ?
  • Je voulais savoir jusqu’à quel point… Tu m’aimais, tu me respectais.
  • Le respect ça tient à un cadeau ? Un restau ?
  • Ça ne tient à rien, du moins à pas grand-chose. Ça tient à des mots doux qui sonnent vrais. Ça tient à des rêves que l’on réaliserait, à des choix que l’on ferait. Ça tient à une Saint-Valentin que l’on partagerait.
  • Oh, encore cette stupide Saint-Valentin !
  • C’est l’amour qui se fête ce jour-là !
  • Mais l’amour c’est tous les jours avec toi, tu es une fille si pleine de joie !
  • Une fille de joie, voilà.
  • Je n’ai pas dit ça. Enfin pas comme ça.
  • J’ai espéré tu sais, que tu sois l’homme que j’attendais, mais tu n’es pas celui-là. J’en suis certaine maintenant. Je te vois tel que tu es, et tu ne me plais pas. Tu me disais libre eh bien tu vois, je suis libre de choisir ce qui me convient. Et décidément l’homme que je souhaite ce n’est pas toi. Toi tu ne vaux… rien.
  • Tu…
  • Abandonne oui.
  • Maintenant ?
  • Maintenant et à jamais.
  • Mais… Aujourd’hui ?
  • Oui aujourd’hui, je ne crois plus à notre histoire je choisis d’y mettre fin.
  • Me faire ça, à moi ? Le jour de la Saint-Valentin ?

 

 

Muriel Roland Darcourt - Le jour de la Saint-Valentin - Saynète - Théâtre

Saint-Valentin - Théâtre - Saynète - Texte - Le jour de la Saint-Valentin - Muriel Roland Darcourt

Saint-Valentin - Théâtre - Saynète - Texte - Le jour de la Saint-Valentin - Muriel Roland Darcourt

Tag(s) : #Saynètes

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :