Si je vous disais tout le bienfait de vos lettres. A les écrire et à les recevoir, du fin fond de ma tourmente. Si je vous disais tout ce qu’elles ont fait naître, à l’esprit, aux écrits, à l’espoir cherchant dans l’infini ces choses qui nous hantent.
En cueillant dans vos pages, vos images et vos doux mots, la nuit, je recherchais votre calme. La sérénité de vos étangs, la beauté de vos arbres, la signification de vos fleurs. Je cherchais dans vos textes des morceaux d’évasion. Des histoires, aussi loin possible de la mienne et pourtant. Nos vies souvent se croisent.
Chaque missive est une nouvelle chance de pouvoir vous exprimer mon incompréhension, de vous faire part de mes doutes et de quelques-uns de mes secrets. Vous qui en connaissez, racontez donc aux autres que je suis folle mais ne leur dîtes pas à quel point. Cela pourrait les déranger.
Je reviens, parfois, lorsque vous daignez sortir de votre tranquillité, relire ces mots qui me font du bien, qui m’encouragent et me tranquillisent aussi. Parce que lorsque vous écrivez je sais que vous êtes en vie.
J’attends, vos réponses, elles sont si salutaires, sur cette planète où personne ne comprend rien. Dans cette bulle de vide, que nous remplissons de nos rêveries.
J’ai passé tellement de temps à attendre de vos nouvelles pour vous en envoyer, et en recevoir d’autres. Du temps perdu pour quiconque peut-être mais pour moi une fenêtre qui bascule vers le Monde qui est le mien. En n’écrivant pas en vain. En n’écrivant pas pour rien.
Du plus profond du cœur je vous remercie de vos paroles, de votre écoute, de m’avoir regardé au sein de mes recherches, d’avoir répondu à mes questions sans m’imposer de solution.
Je vous sais aujourd’hui auprès de la Dame de Nohant, qu’elle vous protège comme elle l’a fait avec ces peintres, compositeurs, comédiens, écrivains qui nous conduisent nous, à nous améliorer, pour nous retrouver dans la grâce. Comme une fleur éclose grâce à vos soins, à cette osmose qui nous propose le même chemin j’aimerai faire partie de votre jardin.
Muriel Roland Darcourt
Lettre à François