Tu es mon évasion. Les draps qui se nouent sous ma triste fenêtre. Quand les rêves prisonniers de la fatalité n’ont plus d’ailes pour voler au-delà des marais où naviguent en eaux troubles le peu de moi qu’il reste. Tu surgis de l’ailleurs emportant la noirceur à l’horizon du rien qui avale les promesses. Lorsque tu apparais au tournant du chemin, que tes bras s’ouvrent enfin pour cueillir la tendresse qui subsiste malgré tout au milieu du chaos, tu dissous les barreaux pour permettre un peut-être de jaillir de la brume, emportant tout au loin le funeste chagrin, repoussant de tes mains les relents d’amertume. Ta présence suffit à libérer les drames raisonnant dans ma tête en un violent vacarme et tes gestes pétrissent ce cœur qui bât en vain qui soudain trouve écho dans la chaleur du tien. Le sourire effleurant mes lèvres qui recueillent le baiser salvateur que tu viens me donner pour apaiser mes craintes, a la saveur précieuse du bonheur retrouvé, dissipant la nébulosité qui meurt sans une complainte. Tu es mon évidence, le geôlier de mes émotions. L’espérance qui sait faire taire mes peurs enfermées dans ma sombre raison. Tu es mon invention. Né de mes songes au gré de mes envies. Pour me sortir de l’eau quand la marée monte, pour fuir le désastre qui m’engloutit de honte de ne pouvoir survivre seule à ma propre prison faite de pilastres de passions. Tu es ma solution.
Muriel Roland Darcourt
Monologue - Mon Evasion